“L’université française : mort sur ordonnance ?”

Droit et Société, 2020, n°105, p. 363-379.

Pendant que, tout au long de l’année 2018, les regards se portaient sur la réforme de l’accès à l’enseignement supérieur (Parcoursup), le Gouvernement travaillait à remettre en cause les fondements mêmes du modèle de l’Université française tel qu’il a été mis en place après 1968. Ce travail a abouti le 12 décembre 2018 à l’adoption d’une ordonnance permettant aux universités de devenir des « établissements expérimentaux » qui dérogent au droit qui encadrait jusqu’à présent leur organisation et leur mode de fonctionnement. Cette ordonnance est l’aboutissement d’un long processus qui a détricoté chacune des grandes caractéristiques de l’Université française. Pour comprendre ce qui se joue, il nous faut donc effectuer un retour en arrière : 1968 et les réformes de ces dix dernières années. Cet article est une réactualisation de celui paru dans Savoir/Agir en 2019 (que vous ne trouverez donc pas sur ce blog), intégrant l’analyse de toutes les actualités de l’année 2019.

Throughout 2018, the debates on French Higher Education focused on the reform of the access to university (« Parcoursup reform »). But in the meantime, the government was preparing the jeopardising of the very pillars of French University as they were established from 1968 onwards. The decree issued on December 12th 2018 allows universities to become « experimental institutions » and not to keep to the rules governing their organisation. This decree is the outcome of a lengthy process of dismantling every major feature of French University. To understand what is at stake, we need to take a look back at 1968 and the reforms of the last decade.