« L’État et l’Entreprise sont-ils en Chine des institutions ? »

Un groupe de recherche coordonné par Pierre Musso au sein de l’Institut d’études avancées (IEA) de Nantes s’est penché, tout au long de cinq années de séminaires, sur « les relations de l’État et de l’Entreprise considérés comme des institutions productrices de culture, de signes, de symboles, de savoirs et de représentations sociales ». Nous partions de l’idée que ces deux institutions étaient deux produits dérivés de la même matrice romano-chrétienne occidentale et formaient les deux grandes institutions de la modernité. L’une des pistes de recherche consistait donc à interroger l’existence de ce couple État/Entreprise dans des sociétés non occidentales et à tenter d’élaborer un tour du monde des concepts et des institutions « État » et « entreprise ». C’est à la lumière de ce questionnement que j’ai revisité mes travaux sur la Chine des années 1990.

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« Pour une approche sociologique de la comptabilité – Réflexions à partir de la réforme comptable chinoise »

Sociologie du travail, 2003, n° 4, p. 491-508.

Fruit d’une recherche portant sur l’entreprise d’État chinoise et ses transformations, cet article entend montrer, à partir de l’étude de la réforme comptable chinoise, l’intérêt d’une approche sociologique de la comptabilité. En quoi la comptabilité peut-elle intéresser le sociologue ? Différents éléments peuvent être avancés. Premièrement la comptabilité est l’objet d’enjeux sociaux et de luttes entre les acteurs concernés. Deuxièmement elle véhicule des modèles de représentation de la réalité, en particulier des modèles de représentation de ce qu’est et de ce que n’est pas une entreprise. Troisièmement elle est productrice d’histoire dans le sens où elle participe à la structuration des pratiques économiques et des anticipations des acteurs. Quatrièmement il existe une très forte cohérence entre système comptable – forme d’entreprise – système de fonctionnement économique et mode de gestion du social. Ces différents éléments en font non seulement, pour la sociologie, un objet possible et légitime, mais également une entrée intéressante pour l’analyse de phénomènes et processus plus larges.

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« Les entreprises sino-françaises ou la rencontre de deux cultures et deux modes de gestion du personnel »

Sociologies pratiques, décembre 2001, n° 5, p. 27-43.

Pendant 50 ans de communisme, la Chine a connu, au sein de ses entreprises d’État, un mode de gestion du personnel tout à fait particulier, proche de ce qu’il était en Union soviétique et dans les pays d’Europe de l’Est. A partir des années 80, et de ce qu’on a pu appeler “l’ouverture chinoise”, l’implantation des entreprises occidentales en Chine s’est faite très largement par la création d’entreprises à capitaux mixtes sino-étrangers (c’est le cas des trois quarts des investissements directs étrangers en Chine). Cette création a souvent été réalisée à partir d’entreprises d’État existantes ; la nouvelle structure est dirigée par du personnel chinois et occidental. Deux modèles très différents d’organisation et de gestion du personnel se sont donc rencontrés. Qu’est-il né de cette rencontre : la domination voire l’hégémonie d’un des deux modèles, une coexistence pacifique ou conflictuelle, ou une hybridation permettant l’intégration des acteurs et de leurs cultures ?

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« Social Policies in Europe and the Issue of Translation – the Social Construction of Concepts »

International Journal of Social Research Methodology, 2001, vol. 4, n° 4, p. 279-285.

Translating texts on social policy into several languages, comparing the social policies and social reality of different member countries, and transferring social policies across national borders are becoming more and more important for European integration. At the roots of these issues, the question of translation is found; since to compare and transfer, one must first translate. So the objectives of the paper are to present some reflections on the translation process, and to outline and explain the main difficulties faced, in particular in the field of social policy.

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« Les réformes de l’entreprise d’État chinoise : un changement radical de la société urbaine ? »

Gérer et Comprendre, n° 55, mars 1999, p. 113-125.

La Chine est entrée, depuis la toute fin des années 70, dans une période de réformes économiques d’importance. On peut distinguer deux grands ensembles dans ces réformes : celles touchant au monde agricole et celles touchant à l’économie urbaine industrielle. Le moteur des premières est la décollectivisation des terres et le retour à l’exploitation individuelle, au cœur des secondes se trouve l’entreprise d’État chinoise ; toutes deux ont des implications sociologiques d’une grande ampleur. C’est à l’économie industrielle et à la société urbaine, donc à l’entreprise d’État, que nous nous sommes intéressée ces dernières années. Cet article est le fruit d’une recherche menée dans le cadre d’une thèse de sociologie ; l’objectif de ce travail de thèse a été d’analyser les transformations de cette forme sociale  “entreprise d’État chinoise” tout au long de ces presque vingt années de réformes.

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